Démarche artistique
Mon travail en céramique vise à redonner à l'expérience humaine de la mort sa dimension contemplative. D'un point de vue anthropologique, l’histoire des oeuvres funéraires reflète des traditions artistiques et symboliques riches. Mes céramiques remettent en question l'aversion et le malaise de l'Occident contemporain face à la mort afin d'ouvrir de nouvelles voies de perception autour de la dignité humaine de la personne dans cette condition des plus vulnérables. Je crois que notre humanité commune se trouve dans l’apprivoisement du deuil et de la mort.
Mon travail s'exprime à travers les formes simples et classiques d’urnes et d’autres objets funéraires. Depuis ma résidence d'artiste au Musée d'anthropologie de Vancouver, Colombie-Britannique, je m’inspire des urnes asiatiques anciennes et des ossuaires néolithiques. Je regarde les traditions autochtones d'art funéraire en dialogue avec ma propre ascendance colonialiste. Je suis également influencée par la réflexion profonde de l'artiste céramiste contemporain Julian Stair dans son exposition, Quietus : Le vessel, la mort et le corps humain.
La création de formes expressives dans leur simplicité engage mon approche matièriste du médium céramique. J'utilise des superpositions de texture et de geste calligraphique, qui évoquent des patines d’une dimension temporelle. Je développe une maîtrise d'une variété de matériaux pour des surfaces multicouches et une signification conceptuelle.
La céramique, matériau de la terre, exige une certaine cohérence entre le corps et l’esprit de l’artiste. Le centrage est pour moi une activité contemplative, un élément essentiel dans ma démarche de vie. La pratique du façonnage sculptural en colombinage me relie aux artisans innombrables à travers l’histoire.
L'art de la céramique permet un retour aux sources symboliques. La poterie est chargée de symbolisme humain, du bol qui contient de la nourriture jusqu’à l’urne dans laquelle reposeront nos cendres. Mes oeuvres témoignent de la vie à la fois tenace et fragile, spirituelle et mortelle. Elles abordent des sujets difficiles, comme la mort, que je traite de façon humanisante. Je souhaite que mon travail favorise un état contemplatif désarmant, voire un état de communion, allant jusqu’à déstabiliser le visiteur qui s’y attarderait.